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En pleine sécheresse dans les Pyrénées-Orientales, un projet de golf « exemplaire » provoque une mobilisation

Les engins de chantier sont à l’œuvre depuis novembre 2023 à l’entrée de Villeneuve-de-la-Raho (Pyrénées-Orientales), à quelques encâblures au sud de Perpignan. Vieux de plus de vingt ans, un projet de golf, intégré dans une zone d’aménagement concerté, devrait voir le jour début 2026. Au programme, un parcours de dix-huit trous sur 65 hectares, autant de surface de zones à bâtir comprenant un hôtel, un restaurant, cent cinquante logements sociaux et cinq cents parcelles privées.
Pour la maire de la commune de 4 500 habitants, Jacqueline Irles (Les Républicains), il s’agit de « construire un golf d’avant-garde ; toutes les autorisations préfectorales ont été validées malgré des années de bataille juridique incompréhensible ».
Il faut dire que ce chantier débute dans un contexte très particulier dans le département, touché par une sécheresse qui perdure et met viticulture et arboriculture au supplice. Seulement 252 millimètres de pluie y sont tombés en 2023, contre une moyenne nationale de 828 millimètres de précipitations. Une pluviométrie identique à celle du Sahel. Et, selon le dernier bulletin hydrologique du Bureau de recherches géologiques et minières, les nappes phréatiques, plus basses qu’en 2023 dans la région, ont continué à baisser en février sur la plaine du Roussillon et le massif des Corbières.
« On sait tout cela depuis longtemps, ce golf sera exemplaire en matière d’économies d’eau et d’arrosage », balaie Jacqueline Irles, qui fut également députée de la circonscription de 2007 à 2012. L’élue s’appuie sur le savoir-faire de deux aménageurs, Belin Promotion à Toulouse et GGL à Montpellier, qui affirment que la ressource utilisée sur le site proviendra à 100 % des eaux usées de la station d’épuration voisine. Aucune des deux entreprises, que nous avons contactées, n’a souhaité s’exprimer, laissant le soin à l’édile de défendre mordicus le projet : « Nous nous inspirons des golfs en Espagne ou au Maroc, qui traitent les eaux usées. Ce sera une première en France. » Et d’insister sur le fait que les terres achetées étaient des friches, et que le cahier des charges de la ZAC – la zone d’aménagement concerté – exclut toute zone commerciale.
Les deux entreprises auraient déjà engagé plus de 20 millions d’euros d’investissements, dont 1 million pour le système de traitement à installer à la sortie de la station d’épuration, dénommé « Re-Use ». Elles promettent également le traitement des eaux grises des habitations, ainsi que la plantation de 1 500 arbres et l’installation de géothermie dans chaque construction ou logement. En novembre 2023, la préfecture des Pyrénées-Orientales a prolongé de cinq ans la déclaration d’utilité publique, et les travaux ont donc pu démarrer, malgré le réveil de certains opposants.
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