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Ma vie d’ado : « Au collège, j’étais la meuf chelou »

« On peut rater sa vie ? Je n’ai pas peur de la rater. Je la vis ! Je suis un volcan, méditerranéenne ascendant normande : je parle beaucoup, fort, certainement trop, je me pose 100 000 questions à la minute. Je ressasse, me refais le film où j’aurais dû dire ceci ou faire cela… Je me sens différente et aime être à côté, ne pas me conformer, ne pas ressembler à toutes les filles qui sont des clones : longs cheveux lisses, jeans, baskets et crop top. Au collège, j’étais la meuf chelou. J’essaie de le prendre comme un avantage. En fait, chacun a sa normalité. J’apprends l’indulgence, la douceur et à m’assumer telle que je suis, telle que j’ai envie d’être. J’ai l’impression que tout passe très vite, que tous les six mois je suis une autre. Ça va plutôt vers la maturité, enfin je crois… Ce changement ne me déplaît pas. Je n’ai pas l’impression de me chercher, mais plutôt que ça se construit tout seul.
Le cinéma, l’écriture, le théâtre me passionnent tellement que ça peut prendre toute la place et il n’en reste plus pour les autres. J’ai commencé le théâtre vers l’âge de 10 ans. J’ai découvert que j’aime plaire et surtout faire le clown. Rire, c’est ma défonce et ma défense. J’aime aussi me mettre en scène pour faire ressentir des émotions aux autres, ce que la scène permet, car on dit les choses autrement. C’est cette tension qui m’intéresse, qui me plaît.
Pas forcément en amour. En amour, j’ai l’impression que tout est éphémère. On s’attache mais c’est bref, peut-être parce qu’on change. Pour plaire, j’ai déjà fait des choses qui ne me ressemblent pas. Comment rester moi-même, surtout avec les garçons ? Tout dire, tout montrer ? Je ne sais pas. Parfois, je me dis que j’aurais dû être plus cash, mais j’ai peur que l’autre ne veuille pas. Mais si je ne dis rien, il ne se passera rien et ça peut durer des heures dans ma tête… De toute façon, qui va rester dans ma vie future de celles et ceux que je connais aujourd’hui ?
Mes parents se sont séparés quand j’avais 1 an. Ma mère a refait sa vie et eu deux garçons, elle est séparée depuis. Mon père vit avec une femme qui avait deux grands enfants, je les adore. Je vis la moitié de la semaine chez ma mère, l’autre moitié chez mon père, du mercredi au mercredi. J’aime bien changer et, de toute façon, je n’ai connu que ça. J’ai surtout beaucoup de chance que tout le monde s’entende bien.
Chez mon père, c’est un peu le monde des adultes : on va au théâtre, au resto, on discute de tout et beaucoup. Dans sa famille corse, on parle peu. Il n’a pas voulu reproduire. Chez ma mère, avec mes deux petits frères, tout est carré. Elle s’est beaucoup reposée sur moi lors de sa séparation d’avec mon beau-père. Je les ai attendus, mes frères, c’est super de les avoir. On vit la même chose mais différemment. Aujourd’hui, je sais ce que c’est qu’être à la fois fille unique et grande sœur.
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