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Comment expliquer l’ampleur des crues dans le Pas-de-Calais ?

Des centaines de maisons envahies par les eaux, deux cents écoles et crèches fermées… Pour le cinquième jour d’affilée, le Pas-de-Calais a été placé, vendredi 10 novembre, en vigilance rouge pour crues ou pluies-inondations. Les secteurs du Boulonnais, du Montreuillois ou encore de l’Audomarois sont menacés par les débordements du Canche, de la Liane ou de l’Aa. Par quels phénomènes peut-on expliquer ces crues qualifiées d’« historiques » et d’« exceptionnelles » ?
Ces inondations sont avant tout le produit de l’intensité record des précipitations. Selon Météo-France, le cumul de pluie à l’échelle du département au cours des trois dernières semaines atteint quasiment 250 millimètres, soit un chiffre bien supérieur à la « référence climatologique » pour les mois d’octobre (89 millimètres) et novembre (99 millimètres). Pour Bruno Janet, chef du pôle « Modélisation et hydrologie opérationnelle » du Service central d’hydrométéorologie et d’appui à la prévision des inondations (Schapi), ces précipitations sont « sans précédent ». Par endroits, il est tombé en un mois plus de 400 millimètres d’eau, soit quatre fois ce qui tombe habituellement en novembre, période déjà la plus arrosée de l’année. Depuis le 18 octobre, les Hauts-de-France n’ont pas connu un jour sans pluie. Au-delà de l’intensité des précipitations, c’est aussi cette durée qui est exceptionnelle.
Deux tempêtes, Ciaran et Domingos, se sont succédé en quelques jours dans la région. Résultat, les sols sont saturés. « Les sols sont déjà remplis d’eau, tout le surplus ruisselle et cela aggrave les conséquences », explique Stéphane Bonelli, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae). Pour lui, « il s’agit d’un événement assimilable à une crue centennale », c’est-à-dire qu’il a une probabilité sur cent de se produire au cours des douze mois de l’année. Stéphane Bonelli résume : « Cette succession d’événements hydrologiques rares est la principale cause de cette situation exceptionnelle. »
Affectés après les tempêtes par une dépression venue des îles Britanniques nommée Elisa, les cours d’eau de la zone touchée, notamment l’Aa, la Liane, ou la Canche, débordent. « On n’est pas vraiment sur des crues de l’Oise ou de l’Aisne, qui sont très lentes. Ici, on est sur des cours d’eau très sensibles aux précipitations », explique Bruno Janet.
D’autres facteurs plus mineurs expliquent pourquoi la région peut être propice à ce type de phénomène. « Chez nous dans le Nord-Pas-de-Calais, à l’exception de l’Artois, c’est très plat. Et quand ça déborde, ça s’évacue plus difficilement, ça stagne », explique Jamal El Khattabi, hydrogéologue à Polytech Lille. « Dans la région, il y a par endroits ce qu’on appelle les limons, ce sont des argiles grossières, qui ont un pouvoir d’infiltration faible, on les qualifie même d’imperméables. » Conjugué aux marais, aux sols argileux, comme à Saint-Omer, le résultat ne peut en être qu’aggravé.
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